samedi 27 mars 2010

Semaine scolaire : mercredi ou pas ?

Lien vers l'article du Monde.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/03/20/luc-chatel-veut-encourager-l-ecole-le-mercredi-matin_1321910_3224.html

Et si les élèves du primaire allaient à l'école le mercredi matin ? Dans sa circulaire de rentrée, publiée au Bulletin officiel du 18 mars, le ministère de l'éducation nationale demande aux autorités académiques que "l'organisation de la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) (soit) encouragée chaque fois qu'elle rencontre l'adhésion". Même si le sujet relève, sur le terrain, d'une discussion au sein de chaque conseil d'école, c'est une petite révolution dans le seul pays d'Europe où la semaine des écoliers se réduit à quatre jours. Par cette circulaire, l'entourage du ministre, Luc Chatel, dévoile sa préférence pour un mercredi matin travaillé.
A la rentrée 2008, l'ancien ministre de l'éducation, Xavier Darcos, avait supprimé le samedi matin. Avec 140 jours annuels de classe, la France a depuis lors l'année scolaire la plus courte d'Europe. L'écolier finlandais a 184 jours de cours et l'italien 200.
Depuis l'instauration de cette année peau de chagrin, des voix se font entendre pour dénoncer la longueur des journées des enfants. S'il a moins de jours de classe que ses voisins, l'écolier français ne travaille pas moins d'heures sur une année. Au contraire. Avec 840 heures entre septembre et juin, il se situe même dans la fourchette haute des pays de l'OCDE. Or, beaucoup d'heures de classe, réparties sur peu de jours, le condamnent à des journées de six heures. Quatre journées de six heures, trente-six semaines par an.
Pour l'ancien chercheur de l'Inserm, Hubert Montagner, "c'est de la maltraitance". D'après ses travaux, la disponibilité cognitive d'un enfant de 6 ans ne dépasse pas trois heures quotidiennes, et celle d'un enfant de 10 ans, quatre heures. "Et ce ne sont que des moyennes. Un élève en difficulté a bien souvent décroché avant la fin de la matinée", précise le scientifique. Le 19 janvier, l'Académie de médecine rend public un rapport très sévère sur le sujet. Ce travail rappelle que "l'aménagement du temps scolaire en France n'est pas en cohérence avec les connaissances de la chronobiologie de l'enfant et cela à tous les niveaux de l'organisation, journée, semaine ou année scolaire". Dans ses recommandations, l'Académie proposait d'"aménager la semaine sur quatre jours et demi ou cinq jours".
La semaine de quatre jours s'est imposée en 2008 parce qu'elle correspondait à une demande des familles de voir disparaître les cours du samedi matin, mais aussi plus prosaïquement à cause d'une mauvaise communication. Le 27 septembre 2007, Xavier Darcos précise sur TF1 que "dès la rentrée prochaine, partout en France dans les écoles primaires, on ne travaillera plus le samedi matin". Quelques jours avant, Nicolas Sarkozy s'était prononcé pour "la suppression des classes du samedi matin, sans report sur les autres jours de la semaine". M. Darcos aura beau préciser ensuite qu'il est possible de reporter les cours du samedi sur le mercredi, la neuvième demi-journée disparaît du paysage.
Depuis, des villes socialistes comme Lille, Grenoble ou Angers ont ouvert le débat pour que les classes fonctionnent le mercredi, sans succès jusqu'ici. "Il n'est pas facile d'obtenir l'adhésion de tous les partenaires, enseignants, parents et collectivités locales", rappelle Gilles Moindrot, le secrétaire général du SNUipp (FSU). "Nous avons demandé au ministre Luc Chatel une conférence de consensus sur le sujet", ajoute Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA.
Les fédérations de parents d'élèves, elles, se réjouissent. "C'est la fin d'une grosse arnaque. La circulaire de rentrée prouve qu'on se rend enfin à l'évidence", schématise Jean-Jacques Hazan, de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). Cécile Vignes, secrétaire générale adjointe de la PEEP, se dit "satisfaite que le débat soit rouvert, même si dans l'éducation il n'est pas toujours facile de faire bouger les choses".
Maryline Baumard

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